Focus sur l’hyperréalisme

Celui qui n’a jamais été plongé dans un doute profond quant à la nature d’une œuvre ne s’est jamais trouvé face à une “bonne” œuvre hyperréaliste. Comment ne pas s’interroger face aux visages dégoulinants de Mike Dargas, aux reflets des toiles de Sebastian Nasta, aux nageuses de Carole Feuerman, ou aux “Tourists” de Duane Hanson? Défini comme mouvement artistique dès les années 60, l’hyperréalisme confronte art et réalité dans une tension quasi insoutenable. À ses balbutiements début 20è, le mouvement se pense en réaction aux nouvelles technologies et il connaît une véritable renaissance, poussée notamment par de jeunes prodiges d’Europe de l’Est. L’hyperréalisme continue d’alimenter les débats les plus passionnés quant à la place de la création dans un mouvement qui souvent semble au profane une simple reproduction du réel. Rien ne pourrait pourtant être moins vrai…

Pour les premiers artistes hyperréalistes, alors héritiers de ces influences, l’objectif est à un retour à la réalité en tant qu’entité, avec ses propres esthétiques et potentiels artistiques. L’expérience visuelle est le point de départ d’une exploration de la puissance de l’image et des limites de la peinture et de la sculpture.

La découverte d’une œuvre hyperréaliste ne laisse jamais indifférent… 

L’hyperréalisme se définit comme la représentation de l’environnement urbain, de personnages ou d’objets usuels, dont l’extrême minutie et la précision illusionniste vont au-delà de l’imitation réaliste. Depuis les années 60, les approches et les thèmes se sont multipliés. Loin de s’essouffler, l’hyperréalisme fascine les collectionneurs et ses œuvres laissent les spectateurs toujours plus médusés.

Un peu d’histoire

L’hyperréalisme est apparu à la fin des années soixante et, comme souvent, ce ne sont pas les artistes eux-mêmes qui ont défini leur pratique (lien vers impressionnistes). C’est Isy Brachot, marchand d’art belge, qui invente le mot “Hyperréalisme” en 1973. Il titre ainsi son catalogue et l’une des expositions de sa galerie bruxelloise. L’exposition est dominée par les artistes américains Ralph Goings, Don Eddy, Robert Bechtle, Chuck Close et Richard McLean. À leurs côtés sont présents les européens Domenico Gnoli, Konrad Klapheck, Gerhard Richter et Roland Delcol.

 

Alors que l’art du XXe siècle se fait plus conceptuel, plus abstrait et entreprend de rompre avec des idéaux esthétiques académiques comme la beauté ou la figuration, l’hyperréalisme renoue avec une définition de ces principes. Il intervient à cette époque en réaction à la révolution technologique et à tout ce que celle-ci bouleverse dans l’art comme exacerbation de la figuration. Au milieu du XXe siècle, les supports photographiques sont si répandus dans la société qu’ils confrontent l’imagerie dans l’art traditionnel.

 

Le Pop Art et le photoréalisme, précurseurs de l’hyperréalisme, s’emparent les premiers de cette iconographie du quotidien, et produisent des images neutres et statiques. Alors que les artistes du Pop Art soulignent principalement la surabondance de l’imagerie commerciale, les photoréalistes tentent de traduire de manière littérale la valeur d’une image.

 

 

Arteido - Nasta-Sebastian - Peinture
Arteido - Nasta-Sebastian - Peinture
Arteido - Nasta-Sebastian - Peinture
Arteido - Nasta-Sebastian - Peinture

Hyperréalisme et photographie

La photographie est le référent de l’hyperréalisme. Il s’appuie sur les champs des possibles que cet instant figé lui offre. Peintres et sculpteurs en font une partie intégrante de leur processus artistique qui va bien au-delà de la simple reproduction. Les artistes orchestrent véritablement leur sujet, leur position, l’éclairage, la composition, les textures et les couleurs, et construisent un environnement illusoire captivant. Certains mènent eux-mêmes les séances de prises de vue pour s’assurer un contrôle total de l’image, de sa captation à son interprétation.

Au-delà de la reproduction

Le but n’est pas de reproduire un seul moment d’un seul cliché, mais bien de rassembler un  maximum d’informations pouvant apparaître sur différents clichés d’un même sujet. L’hyperréalisme est un lent processus artistique. Au-delà de la reproduction, il s’agit de peindre, de sculpter, sa propre vision intensifiée. Kiara Peelman, jeune peintre hyperréaliste, est passée maître dans cet exercice, et retranscrit dans ses toiles à l’aspect froissé toute la complexité de l’être humain et de la beauté qui l’habite.

Entre détails et réflexion

Finalement, les artistes se concentrent sur l’objet dans l’intérêt de l’objet lui-même. Sans consigne ni indication, ils affirment tout simplement qu’il existe et qu’il vaut la peine d’être regardé. Avec un niveau de détails extraordinaire et dans une atmosphère à la limite du surréalisme, le mouvement crée l’illusion d’une réalité non vue sur la photographie originale.

 

C’est là que l’hyperréalisme se détache du simple réalisme, qui ne pousse pas ces considérations esthétiques à un point aussi sensible.

 

En somme, c’est quasiment une provocation que nous soumettent les hyperréalistes via leur simulation de réalité. L’œuvre est et reste une image que se représente l’artiste avant de nous la livrer, fidèle à sa propre construction.

 

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